Bilan du plan Sauvadet : un arriĂšre goĂ»t insupportable d’aggravation de la prĂ©caritĂ© !
Publié le 25/05/2018 à 15:51

Réunion du comité de suivi « Sauvadet » du MEN-MESR du 13 septembre 2018

En cette rentrĂ©e 2018, s’achĂšve la derniĂšre session du plan Sauvadet. Ce plan, crĂ©Ă© par la loi dite « Sauvadet » du 12 mars 2012, avait pour objectif affichĂ© de « rĂ©sorber la prĂ©caritĂ© dans la Fonction Publique ». Initialement prĂ©vu pour 4 sessions, il avait Ă©tĂ© prolongĂ© pour 2 sessions en 2016.
DĂšs le lancement de ce plan, la CGT avait Ă©tĂ© trĂšs critique sur ses modalitĂ©s qui imposaient de passer un concours Ă  des personnels qui, forts de leur expĂ©rience et de leur anciennetĂ©, auraient dĂ» accĂ©der immĂ©diatement au statut de fonctionnaire. Ce plan excluait de nombreuses catĂ©gories de non-titulaires (surveillant·es et accompagnant·es du handicap dans l’enseignement scolaire, personnels de catĂ©gorie A+ (recrutĂ©s avec un doctorat) : enseignant·es-chercheur·ses du supĂ©rieur, chercheur·ses et ingĂ©nieur·es de recherche des organismes de recherche, 
). Les conditions restrictives pour y accĂ©der et surtout l’absence de crĂ©ations de postes spĂ©cifiques de titulaires Ă©cartaient ainsi des milliers de personnels contractuels.
A l’heure du bilan, la CGT ne peut que constater que la rĂ©alitĂ© a Ă©tĂ© pire que redoutĂ©e. Insuffisance de postes offerts dans certaines catĂ©gories, attitude de jurys qui niaient toute expĂ©rience des non-titulaires, ont concouru pour maintenir dans la prĂ©caritĂ© des milliers de personnels qui se sont pourtant inscrits dans le processus.
S’il a permis de titulariser des personnels contractuels (et la CGT a oeuvrĂ© pour aider les personnels Ă  sortir de la prĂ©caritĂ© !), ce plan a Ă©tĂ© trĂšs insuffisant en refusant mĂȘme aux laurĂ©at·es une certaine reconnaissance de leur expĂ©rience, tant pour l’affectation que pour leur carriĂšre.
Dans toutes les catégories concernées : le constat est sans appel, ce plan est un échec !
Pour les personnels BIATSS de l’enseignement scolaire, seulement 2310 personnes (46 %) ont pu ĂȘtre titularisĂ©es sur les 4976 Ă©ligibles au cours des 6 ans. Pendant ce temps, les personnels contractuels de ces catĂ©gories passaient de 15600 Ă  17300, avec dĂ©gradation de leurs conditions d’emploi.
Pour les personnels BIATSS de l’Enseignement supĂ©rieur, seulement 4817 personnes (45 %) ont pu ĂȘtre titularisĂ©es sur les 10602 Ă©ligibles au cours des 6 ans.

Soit pour l’ensemble des personnels BIATSS de l’enseignement scolaire et supĂ©rieur, seulement 7127 personnes (46 %) qui ont pu ĂȘtre titularisĂ©es sur les 15578 Ă©ligibles au cours des 6 ans.
Il en est de mĂȘme, pour les personnels enseignants, puisque la sĂ©lection drastique aux concours n’a permis qu’à 8455 non-titulaires (54 %) d’ĂȘtre laurĂ©at·es sur les 15627 postes ouverts aux concours, bien moins que l’ensemble des CDD et CDI employĂ©s, toujours plus nombreux dans le 2nd degrĂ© et maintenant le 1er degrĂ©.
Mais le bilan est catastrophique pour les personnels IngĂ©nieurs et Techniciens (IT) des organismes de recherche (EPST) avec seulement 23 % de titularisé·es (222) par rapport aux « Ă©ligibles » (973, chiffre Ă©tabli en 2013 a minima) pour les 5 annĂ©es 2013-2017 (le bilan 2018 n’est pas encore connu). On peut constater que ces 5 annĂ©es d’application du plan Sauvadet n’ont en rien fait diminuer la prĂ©caritĂ© dans les EPST comme le montre le bilan social 2015-2016 du MESR : il y a 26 % de non-titulaires dans l’ensemble des EPST avec des Ă©carts importants, de 49 % Ă  l’INRIA, 38 % Ă  l’INSERM Ă  2 3% au CNRS et 18 % Ă  l’INRA !
Au terme de ces 6 sessions, la prĂ©caritĂ© a continuĂ© de croĂźtre et il y aujourd’hui plus de personnels contractuels dans l’Education Nationale et l’Enseignement supĂ©rieur et la Recherche qu’avant 2013.
Un tel bilan ne peut que nous renforcer dans notre dĂ©termination Ă  gagner la titularisation de tous les prĂ©caires sans condition de concours, ni de nationalitĂ© ainsi que l’arrĂȘt du recrutement de nouveaux non-titulaires et la crĂ©ation de postes statutaires de titulaires pour rĂ©pondre Ă  l’ensemble des besoins.

Le gouvernement ne prĂ©voit Ă  cette Ă©tape aucun nouveau dispositif pour permettre aux contractuel·les d’accĂ©der au statut de fonctionnaire. Au contraire, avec CAP 2022, il entend dĂ©velopper un vĂ©ritable plan de contractualisation avec, entre autre, le dĂ©veloppement de « contrats de mission » dans l’Enseignement supĂ©rieur et la Recherche.
A l’heure du bilan, c’est donc la mobilisation pour la titularisation sans condition de concours, pour contrer les mesures annoncĂ©es CAP 2022 de contractualisation accrue, qui doit s’amplifier.

Montreuil le 25 septembre 2018