Réunion du comité de suivi « Sauvadet » du MEN-MESR du 13 septembre 2018
En cette rentrĂ©e 2018, sâachĂšve la derniĂšre session du plan Sauvadet. Ce plan, crĂ©Ă© par la loi dite « Sauvadet » du 12 mars 2012, avait pour objectif affichĂ© de « rĂ©sorber la prĂ©caritĂ© dans la Fonction Publique ». Initialement prĂ©vu pour 4 sessions, il avait Ă©tĂ© prolongĂ© pour 2 sessions en 2016.
DĂšs le lancement de ce plan, la CGT avait Ă©tĂ© trĂšs critique sur ses modalitĂ©s qui imposaient de passer un concours Ă des personnels qui, forts de leur expĂ©rience et de leur anciennetĂ©, auraient dĂ» accĂ©der immĂ©diatement au statut de fonctionnaire. Ce plan excluait de nombreuses catĂ©gories de non-titulaires (surveillant·es et accompagnant·es du handicap dans lâenseignement scolaire, personnels de catĂ©gorie A+ (recrutĂ©s avec un doctorat) : enseignant·es-chercheur·ses du supĂ©rieur, chercheur·ses et ingĂ©nieur·es de recherche des organismes de recherche, âŠ). Les conditions restrictives pour y accĂ©der et surtout lâabsence de crĂ©ations de postes spĂ©cifiques de titulaires Ă©cartaient ainsi des milliers de personnels contractuels.
A lâheure du bilan, la CGT ne peut que constater que la rĂ©alitĂ© a Ă©tĂ© pire que redoutĂ©e. Insuffisance de postes offerts dans certaines catĂ©gories, attitude de jurys qui niaient toute expĂ©rience des non-titulaires, ont concouru pour maintenir dans la prĂ©caritĂ© des milliers de personnels qui se sont pourtant inscrits dans le processus.
Sâil a permis de titulariser des personnels contractuels (et la CGT a oeuvrĂ© pour aider les personnels Ă sortir de la prĂ©caritĂ© !), ce plan a Ă©tĂ© trĂšs insuffisant en refusant mĂȘme aux laurĂ©at·es une certaine reconnaissance de leur expĂ©rience, tant pour lâaffectation que pour leur carriĂšre.
Dans toutes les catégories concernées : le constat est sans appel, ce plan est un échec !
Pour les personnels BIATSS de lâenseignement scolaire, seulement 2310 personnes (46 %) ont pu ĂȘtre titularisĂ©es sur les 4976 Ă©ligibles au cours des 6 ans. Pendant ce temps, les personnels contractuels de ces catĂ©gories passaient de 15600 Ă 17300, avec dĂ©gradation de leurs conditions dâemploi.
Pour les personnels BIATSS de lâEnseignement supĂ©rieur, seulement 4817 personnes (45 %) ont pu ĂȘtre titularisĂ©es sur les 10602 Ă©ligibles au cours des 6 ans.
Soit pour lâensemble des personnels BIATSS de lâenseignement scolaire et supĂ©rieur, seulement 7127 personnes (46 %) qui ont pu ĂȘtre titularisĂ©es sur les 15578 Ă©ligibles au cours des 6 ans.
Il en est de mĂȘme, pour les personnels enseignants, puisque la sĂ©lection drastique aux concours nâa permis quâĂ 8455 non-titulaires (54 %) dâĂȘtre laurĂ©at·es sur les 15627 postes ouverts aux concours, bien moins que lâensemble des CDD et CDI employĂ©s, toujours plus nombreux dans le 2nd degrĂ© et maintenant le 1er degrĂ©.
Mais le bilan est catastrophique pour les personnels IngĂ©nieurs et Techniciens (IT) des organismes de recherche (EPST) avec seulement 23 % de titularisé·es (222) par rapport aux « Ă©ligibles » (973, chiffre Ă©tabli en 2013 a minima) pour les 5 annĂ©es 2013-2017 (le bilan 2018 nâest pas encore connu). On peut constater que ces 5 annĂ©es dâapplication du plan Sauvadet nâont en rien fait diminuer la prĂ©caritĂ© dans les EPST comme le montre le bilan social 2015-2016 du MESR : il y a 26 % de non-titulaires dans lâensemble des EPST avec des Ă©carts importants, de 49 % Ă lâINRIA, 38 % Ă lâINSERM Ă 2 3% au CNRS et 18 % Ă lâINRA !
Au terme de ces 6 sessions, la prĂ©caritĂ© a continuĂ© de croĂźtre et il y aujourdâhui plus de personnels contractuels dans lâEducation Nationale et lâEnseignement supĂ©rieur et la Recherche quâavant 2013.
Un tel bilan ne peut que nous renforcer dans notre dĂ©termination Ă gagner la titularisation de tous les prĂ©caires sans condition de concours, ni de nationalitĂ© ainsi que lâarrĂȘt du recrutement de nouveaux non-titulaires et la crĂ©ation de postes statutaires de titulaires pour rĂ©pondre Ă lâensemble des besoins.
Le gouvernement ne prĂ©voit Ă cette Ă©tape aucun nouveau dispositif pour permettre aux contractuel·les dâaccĂ©der au statut de fonctionnaire. Au contraire, avec CAP 2022, il entend dĂ©velopper un vĂ©ritable plan de contractualisation avec, entre autre, le dĂ©veloppement de « contrats de mission » dans lâEnseignement supĂ©rieur et la Recherche.
A lâheure du bilan, câest donc la mobilisation pour la titularisation sans condition de concours, pour contrer les mesures annoncĂ©es CAP 2022 de contractualisation accrue, qui doit sâamplifier.
Montreuil le 25 septembre 2018