Une nouvelle tache de vigile !

Les attentats de novembre 2015 ont eu des répercussions partout en France. Depuis, le ministère a mis en place un plan de sécurité renforcé cet été, s’inspirant des différentes versions du plan « Vigipirate » qui prévoit entre autres: la surveillance des entrées et des sorties des établissements par la présence d’un adulte ; un contrôle visuel des sacs aux entrées dans les collèges et les lycées..

Pas d’entrée ni de sortie sans la présence d’une personne aux portes de l’établissement scolaire. Question de bon sens diriez-vous, mais, qui dit fermeture, dit filtrage. Qui assume ce rôle ingrat ?

N’allez pas chercher bien loin, ce sont aux Conseillers Principaux d’Éducation (CPE) et aux Assistants d’Éducation qu’est bien-sûr dévolue cette tâche.

Bien-sûr, il faut assumer la sécurité des élèves, cela fait partie de nos missions, mais il faut avant tout considérer le faible nombre de postes dont les établissements sont dotés pour encadres, aider les élèves, faire de l’éducatif, de l’accueil individualisé, de l’écoute bienveillante, de l’animation…

Dans CPE et AED figure le terme « Éducation », pas gardien, vigile.

S’il faut bien le reconnaitre que nous sommes appelés comme l’ensemble des personnels de l’Éducation Nationale, à assumer la sécurité des élèves, pourquoi la Sécurité deviendrait-elle, de fait, la responsabilité de la seule Vie Scolaire ?

La sécurité comme l’Éducation sont l’affaire de toute la communauté éducative. L’équipe de direction nous transfère souvent cette charge qui lui est dévolue.

Le projet de circulaire de missions en 2014 était très axé sur la sécurité.
La CGT Educ’action a fait bouger le texte pour retirer tout ce qui faisait référence à des adjoints de sécurité. Alors, retourner dans le strict cadre de la surveillance, sous prétexte de sécurité renforcée.. Pas question ! Pas question de fouiller à l’intérieur des sacs des élèves, nous n’avons et ne voulons pas avoir ce droit, ce n’est pas notre métier.

Concernant la formation

Les personnels sont t’ils formés à ces missions délicates, leurs a t’on proposé et mis en place une formation adéquate ? Les jeunes qui travaillent comme AED sont souvent étudiants, avec, à la prise de fonction, peu, voire souvent pas de formation. Seul, le bon sens, le travail assuré au sein des équipes de la Vie Scolaire leur permet d’avoir une approche plus globale du métier.

Il ne s’agit plus de recruter des surveillants mais des AED, capables d’aider scolairement les collégiens et lycéens qu’ils vont encadrer. Ils et elles ne sont pas assez nombreux et n’ont pas les qualifications requises pour faire face aux éventuelles intrusions.

Au moment de la création des brigades de sécurité, la CGT Educ’action avait dénoncé l’intrusion du sécuritaire dans l’éducatif en mélangeant les genres. Les Brigades existent aujourd’hui et ces personnels ont été formés. Elles devraient pouvoir intervenir aux abords des établissements les plus exposés.

Et l’éducation dans tout cela ?

Sous prétexte de sécurité renforcée, on ferme de plus en plus les établissements pour finir par en faire des sanctuaires. Finie l’ouverture pédagogique sur la vie extérieure, sur la société, place au repli. Les établissements deviennent des bunkers.
La tentation du tout sécuritaire l’emporte, on renforce les grilles, on installe des caméras, on fait appel à des sociétés de gardiennage, des vigiles.

L’Éducation est une affaire trop sérieuse pour être sous traitée par des boites privées. Ce ne sont pas les barrières, les portails ni les vigiles qui permettront de sécuriser nos établissement, mais bel et bien nos valeurs éducatives, notre volonté du vivre ensemble. L’éducation, la camaraderie, les valeurs de partage et du vivre ensemble que devrait retrouver notre société malade de la dérive capitaliste, individualiste… Créons du lien, de la bienveillance et plus de fraternité.