Rentrée du 2 novembre: que faire ? Nos consignes.
Publié le 31/10/2020 à 13:19


Chers camarades,


DĂ©cidĂ©ment, jusqu’au bout Jean-Michel Blanquer se moque des personnels d’Ă©ducation !

A 17h ce vendredi, par un mail aux personnels il nous annonce que la rentrĂ©e, finalement, se fera Ă  8h, qu’il n’y aura pas de moment d’Ă©change entre les personnels de 8h Ă  10h (sur lequel beaucoup d’Ă©quipes pĂ©dagogiques planchaient dĂ©ja !), et que l’hommage Ă  notre collègue assassinĂ©, Samuel Paty, se rĂ©duira Ă  la minute de silence Ă  11h prĂ©cĂ©dĂ©e d’une lecture en classe de La lettre de Jaurès aux instituteurs sans rĂ©el travail prĂ©alable avec les Ă©lèves.

Beaucoup de collègues sont lĂ©gitimement choquĂ©s par cette manière cavalière de procĂ©der. L’argument « alerte attentat » a bon dos, l’argument sanitaire est risible quand on voit tout le reste (voir ci-dessous):

Ă  se demander clairement si ce n’est pas ce « moment d’Ă©change » de 8h Ă  10h, qui Ă©tait une demande forte (minimaliste) des organisations syndicales depuis 10 jours, qui avait Ă©tĂ© initialement concĂ©dĂ© par Blanquer qui a fini par inquiĂ©ter, tellement en particulier la question sanitaire redevient primordial et que le Ministère s’inquiĂ©tait de laisser un espace de dĂ©bat et donc de contestation Ă©ventuelle de son nouveau Protocole sanitaire. Ce qui serait au demeurant faire injure aux collègues qui n’avaient pas l’intention de mĂ©langer les genres et qui avaient vraiment besoin, dans ce moment de grande tension rĂ©vĂ©lĂ©e encore par l’acte barbare de Nice, d’Ă©changer AVANT d’accueillir des Ă©lèves qui voudront s’exprimer sur ces sujets dĂ©licats.
Dans les collèges et lycĂ©es, nous recommandons d’interpeller vos chefs d’Ă©tablissement en demandant que soit maintenu ce temps d’Ă©change entre personnels, y compris en prĂ©voyant des modalitĂ©s d’accueil des Ă©lèves qui viendront pour le coup, Ă  8h. En Ă©cole primaire, malheureusement, ce n’est pas possible.


Dans tous les cas, une telle demande, qui implique qu’il y aura une « rentrĂ©e du 2 » ne peut se faire que si les conditions sanitaires sont rĂ©unies. Et c’est lĂ  le point de vigilance pour la CGT qui dĂ©clenchera, Ă  dĂ©faut, un droit de retrait collectif.


Quelles conditions sanitaires acceptables pour rentrer lundi ?


Cette rentrĂ©e se fait dans des conditions sanitaires spĂ©cifiques, notamment dans notre AcadĂ©mie, avec un taux d’incidence du virus qui est un des plus Ă©levĂ© de France ! C’est d’abord cette rĂ©alitĂ©-lĂ  qu’il faut mesurer ! Castex nous a parlĂ© de territorialisation…. HĂ© bien regardons les donnĂ©es locales !
Alors que le taux d’incidence pour 100 000 habitants est passĂ© Ă  434,2 au niveau national en moyenne hebdomadaire sur les 7 derniers jours au 27 octobre (moyenne du 21 au 27 octobre), il est de 489,5 dans le Pas-de-Calais et de 806,2 dans le dĂ©partement du Nord, ce qui place ce dĂ©partement en 3ème position nationale après la Loire et le RhĂ´ne.
Mais il faut regarder les chiffres Ă  une Ă©chelle infra-dĂ©partementale. A l’Ă©chelle des EPCI (CommunautĂ© urbaines), SantĂ© Publique France les publie ce vendredi 30 octobre, prĂ©sentant les chiffres de la semaine 43 (du 19 au 25 octobre) – voir ici :

  • la MĂ©tropole EuropĂ©enne de Lille (l’agglomĂ©ration lilloise pour parler plus simplement) culminait Ă  939 ! Sachant qu’il ne s’agit lĂ  que d’une moyenne ! Des chiffres, dĂ©ja anciens, ont Ă©tĂ© donnĂ© Ă  la date du 22 octobre: le record absolu (2ème ville de France après une ville de la banlieue de Saint-Etienne dans le dĂ©partement de la Loire) Ă©tait dĂ©tenu par Roubaix avec un taux d’incidence de 1135 ! A la mĂŞme date, Tourcoing Ă©tait aussi Ă  953. Et c’Ă©tait, donc, il y a dĂ©jĂ  plus d’une semaine… On sait que l’HĂ´pital de Roubaix est dĂ©jĂ  saturĂ©, et que des malades, il y a dĂ©jĂ  10 jours de cela, Ă©taient transportĂ©s vers les hĂ´pitaux d’Amiens et de Montreuil sur Mer. Idem pour Tourcoing.
  • CommunautĂ© d’agglo de Valenciennes MĂ©tropole : 784
  • Maubeuge / Val de Sambre : 681
  • CommunautĂ© d’agglo Porte du hainaut: 665
  • HĂ©nin-Carvin: 556
  • CommunautĂ© Urbaine de Dunkerque: 536
  • CommunautĂ© du Pays de Saint-Omer: 531
  • Douaisis agglo: 518
  • Lens-LiĂ©vin: 468
  • CA du Boulonnais : 430
  • La Flandre IntĂ©rieure, la zone entre Calais et Boulogne sont aussi supĂ©rieurs Ă  500.

Mais ces chiffres recensent des donnĂ©es d’il y a 8 jours. Or on sait que l’Ă©volution est rapide. Le dĂ©partement du Nord Ă©tait Ă  751 en moyenne hebdo sur la semaine 43, il est donc Ă  806 sur 7 jours glissants le 27 octobre… On peut allègrement augmenter tous les chiffres donnĂ©es prĂ©cĂ©demment de 50 Ă  60 points.

Ainsi, car c’est cela que nous cherchons Ă  mesurer, nous sommes bien dans notre acadĂ©mie, sauf Ă  un degrĂ© moindre dans quelques territoires oĂą les chiffres sont infĂ©rieurs Ă  la moyenne nationale (CambrĂ©sis, Calaisis, Artois surtout le Ternois) dans le cadre d’une « circulation très active du virus », ou en tout cas, nous sommes d’une façon gĂ©nĂ©rale et mĂŞme dans les secteurs les moins touchĂ©s, dans le cadre d’une « circulation active du virus », au vu d’une moyenne nationale dĂ©jĂ  de toutes façons Ă©levĂ©e (sinon on n’en viendrait pas Ă  parler de confinement).
Le ministre Blanquer, qui n’a de cesse de dire « on est prĂŞt » met en avant son « plan de continuitĂ© pĂ©dagogique » mis en ligne dès le mois de juillet. Voir ici:  https://eduscol.education.fr/cid152893/rentree-scolaire-2020-plan-de-pĂ©dagogique.html
Deux hypothèses étaient présentées:
– Hypothèse 1 en cas  de « circulation active du virus » : cours en prĂ©sentiel et en distanciel en demi-groupe pour permettre le respect des gestes barrière.
– Hypothèse 2 en cas de « circulation très active du virus »: fermeture des Ă©coles et des Ă©tablissements et passage en distanciel
Sans que cela soit dit explicitement Ă  aucun moment dans la communication ministĂ©rielle (Ă  moins que nous ayons ratĂ© une intervention blanquĂ©rienne sur BFM…), l’hypothèse 2 ne se dĂ©clencherait qu’en cas de fermeture de classe ou d’Ă©cole/Ă©tablissement par l’ARS (en cas de cas COVID dĂ©clarĂ©s importants, le seuil Ă©tant 3 cas pour une classe). La CGT conteste cette interprĂ©tation et a demandĂ© Ă  la Rectrice la fermeture des Ă©coles et Ă©tablissements dans les secteurs oĂą le taux d’incidence dĂ©passe les 1000
Cependant, mĂŞme si on place la « barre » relativement haute Ă  1000 (alors que, rappelons nous, un dĂ©partement Ă©tait classĂ© en « vulnĂ©rabilitĂ© Ă©levĂ©e » dès qu’il dĂ©passait le seuil de 50….), et qu’on considère que, sous cette barre de 1000, nous ne sommes qu’en simple « circulation active du virus » donc hypothèse 1, la moindre des choses qu’on peut exiger de Blanquer est qu’il respecte au moins son propre plan de continuitĂ© pĂ©dagogique.
Or ce plan évoque au moins la réduction des effectifs de classe: le travail en demi-groupes.
Exigeons des garanties minimale pour rentrer lundi, sinon… droit de retrait collectif !
Cela commence par la revendication du dĂ©doublement des classes (moins de 15 Ă©lèves par classe !)  pour permettre le respect des distanciations physiques.  Cela implique des salles suffisamment grandes bien sĂ»r.En cliquant sur ce lien, vous accĂ©derez Ă  des modèles d’organisation permettant la scolarisation de tous les Ă©lèves Ă  tour de rĂ´le. 

Notre sĂ©curitĂ© sanitaire passe aussi par la mise Ă  disposition de matĂ©riel de protection et de dĂ©sinfection : nouveaux masques pour l’ensemble des personnels (plus de masques Dim !), masques chirurgical de type II pour les personnels vivant avec des personnes Ă  risque si le tĂ©lĂ©travail n’est pas possible, gel hydroalcoolique en nombre, lingette pour dĂ©sinfecter le poste de travail. La CGT revendique aussi la mise Ă  disposition gratuite de masques pour tous les Ă©lèves.
Les personnels AESH doivent notamment ĂŞtre vigilants sur le respect permanent des distanciations physiques avec les Ă©lèves dont ils s’occupent Ă  proximitĂ©. Nous exigeons pour eux des masques chirurgicaux de type II. A dĂ©faut de tels masques, nous soutenons leur idĂ©e de faire une « grève du zèle » en restant Ă  une distance de 1 mètre de l’Ă©lève qu’ils/elles accompagnent. [En cas, bien sĂ»r, d’absence de droit de retrait collectif auquel ils doivent participer].
D’autres mesures sont prĂ©vues dans le Nouveau Protocole sanitaire (cf. pièce jointe), qui doivent ĂŞtre respectĂ©es: Ă©talement de la rentrĂ©e des Ă©lèves, rĂ©crĂ©ations dĂ©calĂ©es, protocole d’organisation de la restauration scolaire avec distance d’1 mètre entre les Ă©lèves, organisation du flux des Ă©lèves dans l’Ă©tablissement en attribuant une salle par classe (sauf salle spĂ©cifique ou atelier), aĂ©ration frĂ©quente (toutes les deux heures au moins) ce qui implique la possibilitĂ© d’ouvrir les fenĂŞtres…

Ce sont les conditions minimales pour que la rentrĂ©e se dĂ©roule dans des conditions sanitaires Ă  peu près acceptables. En cas de non-respect des règles imposĂ©es par le protocole sanitaire, nous devons faire valoir notre droit de retrait.
 En particulier la question du nombre d’Ă©lèves par classe est essentielle. Des remontĂ©es que nous avons de plusieurs Ă©tablissements montrent qu’il est possible de mettre en place le travail uniquement en groupes Ă  effectifs rĂ©duits par dĂ©doublement des classes. Certains le font, pourquoi pas tous !
La « continuitĂ© pĂ©dagogique » ne doit pas se faire au dĂ©triment de notre santĂ©, de celle de nos proches et de nos Ă©lèves. Pour information, nos voisins belges ont dĂ©cidĂ© de repousser la rentrĂ©e scolaire au 15 novembre, et de travailler ensuite par demi-groupes avec du prĂ©sentiel et du distanciel. Ce n’est pas la panacĂ©e ce « mixte » mais nous savons aussi que cela s’organise en exigeant que ce ne soit pas les mĂŞmes enseignants qui soient en prĂ©sentiel et en distanciel et cela est tout Ă  fait rĂ©aliste au vu du nombre de collègues vulnĂ©rables ou vivant avec une personne vulnĂ©rable qui travaillent ou peuvent travailler en distanciel.

Comment exercer ce droit de retrait collectif ?


Nous vous proposons d’adresser la lettre ci-jointe Ă  votre chef d’Ă©tablissement ou IEN. Il s’agit d’une alerte que nous adressons ce samedi matin Ă  la Rectrice et aux DASEN du Nord et du Pas-de-Calais (en lien ici). Un droit de retrait doit toujours ĂŞtre prĂ©cĂ©dĂ© d’une alerte qui pose des conditions.
Les conditions sont claires: elles doivent ĂŞtre rĂ©solues pour lundi matin.Ce n’est pas de notre fait si le Ministère n’a donnĂ© aucun temps de prĂ©paration, ni n’a reportĂ© la rentrĂ©e ne serait-ce que d’un jour, comme l’avaient demandĂ© les organisations syndicales. Il est Ă©galement hors de question d’attendre par exemple que tout soit prĂŞt « pour le 9 novembre » (la limitation du brassage des Ă©lèves «doit ĂŞtre pleinement opĂ©rationnelle au plus tard le 9 novembre 2020» est-il notĂ© dans le Protocole !)
Il convient donc de communiquer rapidement, par mail, puisque, de toutes façons, tout le monde est pendu Ă  ses mails en ces journĂ©es particulières de prĂ©paration de « montĂ©e au front »:- mail au chef d’Ă©tablissement ou Ă  l’IEN/+directeur d’Ă©cole en demandant la mise en Ĺ“uvre des mesures Ă©voquĂ©es dans la lettre jointe- mail aux collègues pour annoncer la dĂ©marche et dire clairement qu’en cas de non application vous exercerez un droit de retrait collectif
Le jour J, il faudra adresser Ă  votre chef d’Ă©tablissement ou IEN/+ directeur d’Ă©cole, une lettre collective signifiant que vous exercez votre droit de retrait. (voir lettre modèle ci-jointe : pour le second degrĂ©, pour le premier degrĂ© ), en nous en adressant une copie.


Remarque: « droit de retrait » ou grève ?

Il est possible que l’administration conteste que vous soyez en « droit de retrait » et vous dĂ©clare grĂ©viste. Dans tous les cas, un prĂ©avis de grève existe pour vous couvrir et pour ne pas vous placer dans l’illĂ©galitĂ©. Il faut ĂŞtre prĂŞt Ă  assumer cette possibilitĂ©. Qu’importe au fond. Mais l’essentiel est, en terme de communication vis Ă  vis des familles et de la presse, de maintenir qu’il s’agit d’un droit de retrait liĂ© aux conditions sanitaires et que ce droit de retrait s’exerce prĂ©cisĂ©ment dans l’intĂ©rĂŞt de tous, y compris des Ă©lèves.
Dernière remarque spécial 1er degré:
Le droit de retrait est une mesure qui n’est pas soumise Ă  l’obligation des 48h prĂ©alable pour le dĂ©pĂ´t d’une DIG (dĂ©claration d’intention de grève). Il peut y avoir par contre des interrogations par rapport Ă  la nĂ©cessitĂ© de la surveillance des Ă©lèves: c’est pourquoi le dĂ©clenchement du droit de retrait doit se faire Ă  8h20 au plus tard avant mĂŞme l’accueil des Ă©leves. Si jamais des personnels jugeaient, au vu du timing très court, qu’il convient de s’accorder une journĂ©e supplĂ©mentaire, permettant par exemple une concertation entre collègues ce lundi et permettant une meilleure information des parents, bien entendu vaut mieux dĂ©caler le dĂ©clenchement de ce droit de retrait collectif au mardi, mais nous insistons sur la nĂ©cessitĂ© de rĂ©agir très vite, car après… on s’habitue Ă  tout et on finit par laisser passer l’inacceptable…


N’hĂ©sitez pas Ă  nous interroger pour toute question complĂ©mentaire liĂ©e Ă  ces prĂ©conisations.


Bien syndicalement,


William ROGER SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral CGT Educ’Action 59/62

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