Bonjour,

A la veille de cette semaine très particulière qui va débuter, il convient de faire le point sur plusieurs questions qui nous ont été posées depuis jeudi, après les annonces de Macron, et vous solliciter pour une demande de retour sur les dysfonctionnements constatés afin qu’on interpelle globalement la Rectrice.
Mais, d’abord, quelques remarques sur le contexte général, remarques que nous avons eu l’occasion de développer directement vendredi matin, lors d’une audience intersyndicale avec la Rectrice. 

Notre analyse de la fermeture des écoles / établissements
Macron / Blanquer avaient fait le pari de « tenir » le plus longtemps possible, avec des demi-mesures… voire pas de mesures du tout quand le Ministère refusait les demis-jauges systématiques réclamées en collège dans des zones très touchées. La situation épidémique s’aggravant et, surtout, le système hospitalier craquant de toutes part, Macron ne pouvait que réagir. Mais sa réaction est toujours dans la demi-mesure, la seule mesure significative de ce nouveau pseudo-confinement est la fermeture des écoles pendant 3 semaines et des collèges et lycées pendant 4 semaines. On retiendra que c’est, de facto, un désaveu de Jean-Michel Blanquer et de son dogme du « on se contamine moins à l’école qu’en famille« . Si le gouvernement croyait vraiment à cette thèse, alors la principale mesure n’aurait pas été la fermeture des écoles, tout simplement. En réalité, comme la CGT Educ’action l’a écrit dans le communiqué de presse de réaction au discours de Macron (communiqué que vous retrouverez ici), le « tout va bien » de Jean-Michel Blanquer nous a conduit dans le mur.
Du coup, il convient de prendre les devants et d’exiger que la reprise en présentiel dans à peine 3 ou 4 semaines se fasse dans d’autres conditions. Car, même si le pic épidémique devrait être derrière nous, si l’on en croit les analystes, il est certain que les contaminations resteront encore élevées. La Circulaire de la DGESCO sur la continuité pédagogique (cf. ici) se contente d’indiquer, dans sa dernière phrase, que les enseignements reprendront en présence «le cas échéant selon des modalités adaptées qui seront précisées ultérieurement« .  Précisées comme d’habitude la veille pour le lendemain ?
On ne pourra pas faire « comme avant », cela pose 5 exigences minimales: 

– demi-jauges systématiques en collège, au delà d’un certain taux d’incidence, sans doute d’ailleurs un peu plus bas que celui que nous avions fixé (250, seuil d’ « alerte maximale » officiel)

– envisager les demi-jauges en écoles primaires, au-delà d’un certain taux d’incidence (500 ?), ce qui implique une campagne de recrutement de personnels enseignants (et pas les ridicules 120 PE contractuels recrutés pour toute l’Académie à cette heure)  et de recherche aussi de locaux adaptés

– améliorer les conditions sanitaires des classes, ce qui passe notamment par des purificateurs d’air pour tous les lieux non ou mal ventilés

– accélérer les campagnes de test: que ce soit des tests antigéniques ou salivaires, la rotation est trop lente, trop peu d’écoles/établissements sont couverts (actuellement à peine 1,5% des élèves sont testés par semaine; et la semaine suivante, ce ne sont pas les mêmes….)

– commencer vraiment la vaccination des personnels de l’Éducation Nationale

A partir de mardi: locaux ouverts ou fermés ? Qui vient travailler ?
Emmanuel Macron a parlé de « fermeture » des écoles et établissements scolaires, mais il faut entendre « fermeture aux élèves ». La FAQ (Foire aux Questions) ministérielle, qui est le document de référence dans cette période Covid, indique ceci, dans sa version actualisée au 3 avril : «Les locaux scolaires restent ouverts afin que puissent y être organisées la continuité administrative et pédagogique» (page 6 – le document est ici).
La Circulaire DGESCO sur la continuité pédagogique (cf. ici) indique ceci, page 2 : » En concertation avec les collectivités concernées, l’accueil des professeurs et des personnels administratifs dans les établissements restera possible afin d’assurer une continuité minimale dans les démarches administratives (commissions, conseils de classe, démarches d’orientation…) et afin que les professeurs puissent, le cas échéant, bénéficier des équipements des écoles et des établissements pour assurer les cours à distance«
Il n’y a pas d’indication plus précise. Il est certain que les chefs d’établissements qui ont décidé que les personnels administratifs, et/ou que les personnels d’éducation (CPE / AED) soient présents toute la semaine commettent là un abus d’autorité. Nous sommes déjà intervenus vendredi matin en audience avec la Rectrice sur ce point, en demandant que cela soit rappelé aux chefs d’établissements. Dans une lettre adressée samedi midi 3 avril aux chefs d’établissements, elle aborde ce point à sa manière : » vous serez peut-être amenés à solliciter la présence de certains personnels pour la continuité du service. Il vous revient bien sûr de limiter cette présence au maximum et je fais confiance à votre discernement en la matière. »
Sauf que ce « discernement » est loin d’être toujours partagé…. Ainsi si vous êtes AED, AESH, ITRF, Administratifs, CPE, personnel de santé… et « convoqués » abusivement toute la semaine prochaine, qui plus est sur des missions qui ne sont pas les vôtres, prévenez-nous de par mail à acad@cgteduc-lille.org. Nous voulons lister les cas pour une remontée globale à la Rectrice au plus tard mardi matin.

Sur la « continuité pédagogique » à distance

La Rectrice, toujours dans sa lettre aux chefs d’établissements, précise: » Le numérique n’est pas le seul moyen de travailler à distance et je sais que vous accompagnerez vos équipes dans leurs choix pédagogiques en veillant à expliquer aux parents la forme prise par les enseignements. Par ailleurs, durant cette période, même si les cours sont suspendus, vos établissements restent ouverts aux personnels et des rendez-vous individuels peuvent être accordés à des élèves ou à des parents. Cela rend possible l’échange de documents en cas de fracture numérique ce qui n’était pas le cas il y a un an. Certains de vos enseignants souhaiteront peut-être travailler en établissement pour la mise en œuvre de leur enseignement à distance. Je vous remercie d’être facilitateurs pour cela.«
La Circulaire DGESCO (cf. ici) mérite d’être lue attentivement. On y relèvera le caractère non-obligatoire des classes virtuelles, en particulier dans le 1er degré, mais aussi dans le 2nd. On y relèvera aussi que les «équipes peuvent utilement, et dans la mesure du possible, s’appuyer sur les emplois du temps habituels« , ce n’est donc pas une obligation, même s’il peut y avoir une pression dans ce sens. Les professeurs principaux peuvent être mobilisés «pour coordonner les cours et la répartition de la charge de travail dans la semaine« .
Les cours et devoirs à la maison peuvent être diffusés «par tout moyen (messagerie, ENT, récupération auprès de l’école ou de l’établissement, etc.)» (page 2 de la Circulaire). Chacun appréciera le « etc. » qui signifie une liberté pédagogique, même si une coordination des équipes est nécessaire en la matière si l’on ne veut pas perdre les élèves. Dans le 2nd degré, les «chefs d’établissement veillent à la bonne coordination des cours dispensés par les professeurs et des travaux à la maison« .

Accueil des enfants des personnels « indispensables »On notera que les personnels qu’on qualifiait de « prioritaires » sont aujourd’hui qualifiés d’  « indispensables »… En font partie les «enseignants et personnels des établissements scolaires […] en exercice pour assurer le service minimum d’accueil » ( page 7 de la FAQ)
Quels sont les personnels mobilisables pour assurer cet accueil ?

• les enseignants
• les services civiques (qui doivent signer l’acceptation de la mission)
• la réserve civique
• les personnels territoriaux.

La liste des élèves accueillis est nominativement établie. Sur le temps scolaire, l’accueil se fait obligatoirement sous la responsabilité du personnel éducation nationale. Les enseignants volontaires devront prendre contact avec les enseignants habituels des élèves accueillis afin que ceux-ci ne décrochent pas lors de leur retour en classe en présentiel.Les volontaires devront parallèlement assurer la continuité pédagogique pour leurs propres élèves. Ils seront indemnisés pour leur volontariat.

La garde d’enfants
Les dispositions déjà en vigueur se poursuivent, à savoir que l’ASA (autorisation spéciale d’absence) pour garde d’enfants ne concerne pas le travail à distance.  On ne peut donc se prévaloir d’avoir un enfant à la maison pour ne pas assurer la « continuité pédagogique à distance ».
Les textes évoquent toutefois un placement en ASA «lorsque le travail à distance n’est pas possible» (cf. page 28 de la FAQ). Cette impossibilité n’est définie dans aucun texte: l’absence de matériel informatique n’est pas en soi un argument à partir du moment où les établissements scolaires sont ouverts aux personnels (cf. point plus haut); par contre le fait d’avoir des enfants en bas âge est un argument souvent entendu par l’administration.

Stages 3ème (page 6 de la FAQ)

» Pendant les semaines du 6 au 9 avril et du 26 au 30 avril, les séquences d’observation (stage en classe de 3ème) qui avaient été programmées peuvent être maintenues sous réserve de la capacité d’accueil par les organismes partenaires«

La situation des PFMP en cours (pages 8-9 de la FAQ)
« Les semaines de PFMP programmées durant les semaines du 6 au 9 avril ou du 26 au 30 avril 2021 doivent être maintenues dans la mesure où les organismes d’accueil poursuivent leur activité dans le strict respect du protocole sanitaire général et des mesures que les entreprises ou organismes ont mis en place pour tenir compte du contexte local et/ou de la spécialité professionnelle.
Si une semaine de PFMP est superposée avec les nouvelles dates de vacances scolaires, les établissements sont encouragés à maintenir ces PFMP sous réserve que l’établissement reste joignable pendant toute la semaine concernée pour l’élève, la famille, le tuteur. Les visites de suivi et d’évaluation pourront se dérouler durant les autres semaines de PFMP de l’élève. 
Si la PFMP devait se dérouler sur les 2 semaines de vacances scolaires du 12 au 23 avril 2021, alors : 
 Si l’élève est mineur, la PFMP doit être interrompue à la fin de la première semaine afin d’assurer un repos effectif de l’élève d’une semaine au moins. L’établissement scolaire en lien avec l’organisme d’accueil pourra programmer, si possible, la dernière semaine de PFMP non réalisée du 19 au 23 avril à une date ultérieure.
 Si l’élève est majeur, la PFMP peut être maintenue mais une attention particulière devra être portée sur la capacité de l’élève concerné à pouvoir bénéficier d’un repos lui permettant ensuite de poursuivre son parcours scolaire dans de bonnes conditions jusqu’à la fin de l’année scolaire, notamment en cas d’examen. Si les deux semaines sont effectuées en PFMP pour une partie des élèves, l’établissement doit rester joignable pendant toute la période concernée. Les visites de suivi et d’évaluation pourront se dérouler durant les autres semaines de PFMP de l’élève. »

GRETA – CFA ( page 6 de la FAQ) »L’accueil est également suspendu dans les GRETA et les CFA jusqu’au 11 avril. Les formations ne pourront être dispensées qu’à distance. A compter du 12 avril et jusqu’au 2 mai, les formations pratiques pourront se tenir sur site. »
Pour les centres de formation des apprentis (CFA), le Ministère du Travail précise dans un Communiqué daté du 2 avril : o Pour les CFA qui avaient prévu une fermeture liée aux vacances de printemps définies par le calendrier des vacances scolaires (zones A, B et C), tous les établissements seront fermés du 10 au 25 avril (nouvelles dates de vacances scolaires pour toutes les zones)  o Pour les CFA  qui n’avaient pas prévu de fermeture pendant les vacances de printemps : les formations théoriques seront assurées à distance ; les formations pratiques se tiendront sur site (ex : formations sur des plateaux techniques). 
«L’accueil en présentiel pourra être justifié en raison de la nature de l’activité (par exemple des formations à un geste professionnel et/ou nécessitant l’utilisation d’un plateau technique) ou des publics accueillis (notamment les personnes qui ont besoin d’un encadrement pédagogique en présentiel ou qui sont confrontées à des risques de fracture numérique)«

Les conseils d’administration programmés
Les conseils d’administration qui étaient convoqués entre les 12 et 23 avril (notamment pour la présentation des comptes financiers avant le 30 avril) devront être reportés.

En conclusion Il s’agit ici des principaux points. Dans tous les cas, sur d’autres points, nous vous invitons à consulter d’abord la FAQ. 
Reste évidemment d’autres sujets concernant le Bac (général et pro), le BTS (qui commence dès mai),….. Jean-Michel Blanquer a cru vouloir sermonner ce dimanche les lycéens, dans une interview à France Inter, en indiquant que les épreuves en présentiel auront lieu coûte que coûte, misant sur une situation sanitaire « très améliorée en juin ». Dommage que ses interviewer ne lui aient pas fait remarquer que parfois les examens commençaient même en mai…  et que ses promesses, beaucoup n’y croient plus. 
N’hésitez pas à nous questionner sur toute question particulière et, dans l’immédiat comme écrit plus haut, à nous signaler tout abus dans cette nouvelle semaine de « distanciel » qui s’annonce. 

Bien syndicalement,
William ROGER Secrétaire général CGT Educ’Action 59/62