DĂ©claration au CDEN du 7 mars 2025
Publié le 09/03/2025 à 18:17
Étiquettes : , , ,

Alors que la valse des ministres de l’Éducation nationale se poursuit (la sixiĂšme ministre en deux ans), une constante demeure : l’insuffisance des moyens allouĂ©s Ă  l’école publique. L’école est Ă  un point de bascule et la CGT Educ’action 59 dĂ©nonce des moyens clairement insuffisants pour permettre Ă  l’école publique de mener Ă  bien sa mission. Les mobilisations ont permis de faire reculer le gouvernement sur certains points : abandon des deux jours de carence supplĂ©mentaires, des 4 000 suppressions de postes, du DNB barrage pour entrer en seconde. Mais la baisse de l’indemnisation des congĂ©s maladie des agents publics a Ă©tĂ© maintenue. À l’heure oĂč les risques psychosociaux et les consĂ©quences du nĂ©omanagement public se font sentir avec plus de force dans nos Ă©tablissements, le gouvernement fait donc le choix conscient et assumĂ© de punir les malades. L’école va mal, ses agents aussi – en tĂ©moignent la multiplication des signalements de souffrance au travail via la FSSSCT – et alors que la crise de recrutement bat son plein, tout semble fait pour dĂ©clarer la guerre aux personnels d’enseignement et d’éducation.

Il est indispensable de rappeler qu’il faudrait crĂ©er 10 000 postes dans le second degrĂ© Ă  l’Ă©chelle nationale pour retrouver le taux d’encadrement de 2017. Mais Ă©galement que d’autres choix budgĂ©taires que l’austĂ©ritĂ© et le sacrifice des Ă©lĂšves comme des agents sont possibles, notamment en adoptant une meilleure rĂ©partition des richesses et des profits.

L’école publique, aujourd’hui, tient par un fil : celui de l’engagement des personnels. Mais il serait irresponsable et cynique de ne compter que sur les agents pour pallier les graves manques structurels et financiers auxquels nous faisons face. Il est impĂ©ratif que des actes forts viennent enrayer une situation devenue critique. Depuis 2017, nous assistons Ă  une brutalisation croissante du dialogue social dans l’Éducation nationale. Des rĂ©formes imposĂ©es contre l’avis des instances reprĂ©sentatives, des suppressions de postes, une absence de revalorisation salariale et une surcharge croissante de travail des personnels ont conduit Ă  une perte de confiance profonde entre les agents de l’école et leur ministĂšre.

Mais le nĂ©olibĂ©ralisme n’a pas fait que dĂ©truire l’école publique, il a aussi fait le lit de l’extrĂȘme droite et de ses discours de fracture sociale. Le gouvernement Bayrou comprend d’ailleurs en son sein des ministres favorables aux idĂ©es d’extrĂȘme droite voire qui les dĂ©fendent – on peut ici Ă©voquer le ministre de l’IntĂ©rieur adoubant publiquement un collectif raciste identitaire, Nemesis, et s’attaquant Ă  un groupe de dĂ©fense antifasciste.

Enfin, comment ne pas ĂȘtre inquiet aprĂšs l’allocution d’un prĂ©sident va-t-en-guerre qui veut nous prĂ©parer au conflit et qui, lĂ , sait trouver des milliards pour le budget militaire.

À l’occasion de ce CDEN, il nous faut analyser les moyens allouĂ©s Ă  notre dĂ©partement, l’un des plus pauvres de la France hexagonale, pour la rentrĂ©e 2025. Dans l’acadĂ©mie de Lille, pour le premier degrĂ©, 59 postes doivent ĂȘtre supprimĂ©s dans le Pas-de-Calais et 70 dans le Nord, soit 25 % des fermetures annoncĂ©es nationalement. Dans notre dĂ©partement, l’administration propose 239 fermetures et 62 ouvertures de classes en milieu ordinaire. Encore une fois, les Ă©lĂšves sont rĂ©duits Ă  des chiffres et les personnels Ă  des moyens. Ces mesures seraient justifiĂ©es par la baisse dĂ©mographique. Nous rappelons que la baisse dĂ©mographique ne doit pas ĂȘtre un prĂ©texte pour des fermetures de classes, mais une opportunitĂ© pour rĂ©duire les effectifs et amĂ©liorer les conditions d’apprentissage des Ă©lĂšves comme celles de travail des enseignants. C’est pour cela que la CGT Educ’Action 59 a votĂ© contre la proposition de carte scolaire prĂ©sentĂ©e lors du dernier CSA dĂ©partemental du 28 fĂ©vrier dernier.

Pour la CGT Educ’Action, elle devrait ĂȘtre aussi l’occasion de donner les moyens pour une vĂ©ritable Ă©cole inclusive en lieu et place du bricolage actuel qui maltraite les Ă©lĂšves. La loi de 2005 a 20 ans. Cet anniversaire a un goĂ»t amer. Pour la CGT, une place pour chacun et chacune dans la sociĂ©tĂ© n’est pas nĂ©gociable. C’est Ă  la puissance publique de garantir ce droit et les moyens financiers et humains pour rĂ©pondre aux besoins quotidiens, de permettre l’accĂšs Ă  l’école et Ă  la scolarisation de chaque enfant. C’est un droit universel et chaque enfant doit pouvoir accĂ©der Ă  la connaissance, Ă  la construction des savoirs et des savoir-faire et ainsi s’émanciper. Cependant, l’État se soustrait Ă  ses responsabilitĂ©s et ne garantit pas de bonnes conditions de scolarisation aux Ă©lĂšves. Cela pousse Ă  la globalisation sans aucune diffĂ©renciation ou prise en compte des particularitĂ©s des Ă©lĂšves. Le tout inclusif actuel ne permet ni de rĂ©pondre Ă  la loi ni de rĂ©pondre aux besoins exprimĂ©s par le monde Ă©ducatif. Il justifie seulement la rationalitĂ© budgĂ©taire appliquĂ©e au champ du handicap.

Les rĂ©formes imposĂ©es rĂ©cemment, notamment les dispositifs du « Choc des savoirs », vont Ă  l’encontre d’une Ă©cole publique Ă©mancipatrice et Ă©galitaire. Nous dĂ©nonçons :

  • des programmes scolaires en cycle 1 et 2 totalement rĂ©trogrades ;
  • la gĂ©nĂ©ralisation des Ă©valuations nationales standardisĂ©es ;
  • la pression mise sur les Ă©quipes du premier degrĂ© concernant leur pratique professionnelle ;
  • les groupes de niveaux, qui accentuent les inĂ©galitĂ©s scolaires ;
  • la surcharge des classes et les suppressions d’heures d’enseignement qui nuisent aux apprentissages ;
  • les rĂ©formes du lycĂ©e professionnel, qui fragilisent les Ă©lĂšves les plus vulnĂ©rables et dĂ©gradent les conditions de travail des personnels.

Nous rappelons que les progrĂšs du systĂšme Ă©ducatif passent nĂ©cessairement par un financement suffisant, une augmentation des salaires pour renforcer l’attractivitĂ© des mĂ©tiers, et une rĂ©duction des effectifs par classe.

L’éducation de nos Ă©lĂšves et les conditions de travail des enseignants et de toute la communautĂ© Ă©ducative ne peuvent ĂȘtre sacrifiĂ©es Ă  des considĂ©rations purement budgĂ©taires. Nous continuerons d’agir concrĂštement pour obtenir les moyens nĂ©cessaires au bon fonctionnement des Ă©coles et Ă©tablissements de notre dĂ©partement.

Nous conclurons en rĂ©affirmant notre soutien au collectif des mineurs isolĂ©s des Bois Blancs qui lutte juste pour un droit fondamental, celui d’ĂȘtre scolarisĂ©s. Nous demandons le dĂ©blocage de toutes les situations pour un accĂšs de tous les jeunes Ă  l’école et pour l’accĂšs Ă  un logement Ă  proximitĂ© de leur lieu d’étude.