CPE – Nous ne sommes pas des vigiles
Publié le 16/10/2018 à 16:10

Une nouvelle tache de vigile !

Les attentats de novembre 2015 ont eu des rĂ©percussions partout en France. Depuis, le ministère a mis en place un plan de sĂ©curitĂ© renforcĂ© cet Ă©tĂ©, s’inspirant des diffĂ©rentes versions du plan « Vigipirate » qui prĂ©voit entre autres: la surveillance des entrĂ©es et des sorties des Ă©tablissements par la prĂ©sence d’un adulte ; un contrĂ´le visuel des sacs aux entrĂ©es dans les collèges et les lycĂ©es..

Pas d’entrĂ©e ni de sortie sans la prĂ©sence d’une personne aux portes de l’Ă©tablissement scolaire. Question de bon sens diriez-vous, mais, qui dit fermeture, dit filtrage. Qui assume ce rĂ´le ingrat ?

N’allez pas chercher bien loin, ce sont aux Conseillers Principaux d’Éducation (CPE) et aux Assistants d’Éducation qu’est bien-sĂ»r dĂ©volue cette tâche.

Bien-sĂ»r, il faut assumer la sĂ©curitĂ© des Ă©lèves, cela fait partie de nos missions, mais il faut avant tout considĂ©rer le faible nombre de postes dont les Ă©tablissements sont dotĂ©s pour encadres, aider les Ă©lèves, faire de l’Ă©ducatif, de l’accueil individualisĂ©, de l’Ă©coute bienveillante, de l’animation…

Dans CPE et AED figure le terme « Éducation », pas gardien, vigile.

S’il faut bien le reconnaitre que nous sommes appelĂ©s comme l’ensemble des personnels de l’Éducation Nationale, Ă  assumer la sĂ©curitĂ© des Ă©lèves, pourquoi la SĂ©curitĂ© deviendrait-elle, de fait, la responsabilitĂ© de la seule Vie Scolaire ?

La sĂ©curitĂ© comme l’Éducation sont l’affaire de toute la communautĂ© Ă©ducative. L’Ă©quipe de direction nous transfère souvent cette charge qui lui est dĂ©volue.

Le projet de circulaire de missions en 2014 était très axé sur la sécurité.
La CGT Educ’action a fait bouger le texte pour retirer tout ce qui faisait rĂ©fĂ©rence Ă  des adjoints de sĂ©curitĂ©. Alors, retourner dans le strict cadre de la surveillance, sous prĂ©texte de sĂ©curitĂ© renforcĂ©e.. Pas question ! Pas question de fouiller Ă  l’intĂ©rieur des sacs des Ă©lèves, nous n’avons et ne voulons pas avoir ce droit, ce n’est pas notre mĂ©tier.

Concernant la formation

Les personnels sont t’ils formĂ©s Ă  ces missions dĂ©licates, leurs a t’on proposĂ© et mis en place une formation adĂ©quate ? Les jeunes qui travaillent comme AED sont souvent Ă©tudiants, avec, Ă  la prise de fonction, peu, voire souvent pas de formation. Seul, le bon sens, le travail assurĂ© au sein des Ă©quipes de la Vie Scolaire leur permet d’avoir une approche plus globale du mĂ©tier.

Il ne s’agit plus de recruter des surveillants mais des AED, capables d’aider scolairement les collĂ©giens et lycĂ©ens qu’ils vont encadrer. Ils et elles ne sont pas assez nombreux et n’ont pas les qualifications requises pour faire face aux Ă©ventuelles intrusions.

Au moment de la crĂ©ation des brigades de sĂ©curitĂ©, la CGT Educ’action avait dĂ©noncĂ© l’intrusion du sĂ©curitaire dans l’Ă©ducatif en mĂ©langeant les genres. Les Brigades existent aujourd’hui et ces personnels ont Ă©tĂ© formĂ©s. Elles devraient pouvoir intervenir aux abords des Ă©tablissements les plus exposĂ©s.

Et l’Ă©ducation dans tout cela ?

Sous prĂ©texte de sĂ©curitĂ© renforcĂ©e, on ferme de plus en plus les Ă©tablissements pour finir par en faire des sanctuaires. Finie l’ouverture pĂ©dagogique sur la vie extĂ©rieure, sur la sociĂ©tĂ©, place au repli. Les Ă©tablissements deviennent des bunkers.
La tentation du tout sĂ©curitaire l’emporte, on renforce les grilles, on installe des camĂ©ras, on fait appel Ă  des sociĂ©tĂ©s de gardiennage, des vigiles.

L’Éducation est une affaire trop sĂ©rieuse pour ĂŞtre sous traitĂ©e par des boites privĂ©es. Ce ne sont pas les barrières, les portails ni les vigiles qui permettront de sĂ©curiser nos Ă©tablissement, mais bel et bien nos valeurs Ă©ducatives, notre volontĂ© du vivre ensemble. L’Ă©ducation, la camaraderie, les valeurs de partage et du vivre ensemble que devrait retrouver notre sociĂ©tĂ© malade de la dĂ©rive capitaliste, individualiste… CrĂ©ons du lien, de la bienveillance et plus de fraternitĂ©.